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25 internautes sur 25 ont trouvé ce commentaire utile : ultramoderne solitude, 31 mai 2006 Commentaire de : SebastoPol (Cap d'Agde, France) - Voir tous mes commentaires
C'est une oeuvre singulière dans la production du réalisateur. Je l'appelle la "Perle noire" du cinéma de Louis Malle. L'obscurité apparente et la beauté plastique du film n'ont, bien sûr, pas échappé à ceux qui l'ont vu. Aussi et enfin, parce qu'entre Zazie dans le métro et Viva María ! (en excluant volontairement le très dispensable Vie privée), Le Feu follet offre un contraste saisissant.
Alain Leroy (Maurice Ronet) vient de passer la nuit dans les bras de Lydia, une amie de Dorothy, son épouse. Celle-ci est restée à New York pendant la longue cure de désintoxication alcoolique subie par son mari dans la clinique versaillaise du docteur La Barbinais. Les échanges entre les deux époux ont, au cours de ces quatre mois, été rares. Le traitement va s'achever, Alain est réputé guéri mais il n'a plus goût à la vie. Il se rend à Paris sur les traces de son passé et renoue le contact avec d'anciens amis et compagnons de fêtes. Il s'invite à déjeuner chez Dubourg, marié à Fanny et père de deux ravissantes petites filles, qui rêve d'écrire un ouvrage de référence sur l'égyptologie. Eva, amatrice de peintre appartenant à la cour un peu snob et dérisoire autour du poète Urcel et qui semble l'apprécier sincèrement. Les frères Minville qui continuent, à leur manière, la guerre d'Algérie. Il dîne enfin chez le riche et mondain Cyrille Lavaud et sa compagne, la belle Solange qu'il a brièvement connu autrefois et convoitée aujourd'hui par l'impérieux et méprisant Brancion. Mais tout cela n'a plus de "sens" pour Alain qui a déjà, de toutes façons, décidé de partir ce 23 juillet.
Louis Malle avait initialement le projet de réaliser un film partiellement autobiographique dont la trame générale était finalement assez proche du roman de Drieu la Rochelle. Le directeur de "La Nouvelle Revue française" sous l'occupation y peignait, sans le nommer, les derniers jours de son ami toxicomane, le poète dadaïste Jacques Rigaud, en 1929... avant lui-même de se suicider en mars 1945. Le Feu follet est le résultat de cette rencontre. La première force du scénario, sa supériorité par rapport à l'ouvrage, c'est qu'il "prête" constamment vie à un personnage dont on connaît, certes, à l'avance le destin mais qui pourrait, tout aussi bien, ne pas mourir. Et ces quarante-huit heures de la vie d'un homme deviennent un splendide suspense existentiel. On cherche avec minutie ce qui pourrait donner à ce désespéré idéaliste le début d'une certitude qui ne soit pas morbide, on scrute sur son visage les indices d'une volonté de "renaître", du retour d'un désir* que l'on sait perdu dès la très belle séquence d'ouverture narrée en voix-off. Que se serai-il passé si Lydia était restée à Paris, si Eva avait réussi à le retenir ou si Solange l'avait aimé ?
L'autre atout est, si l'on est attentif, de donner "corps" aux fantômes qui peuplent l'existence d'Alain. Derrière ou à côté des personnages actuels, nous entrevoyons ceux, souvent très différents, qu'ils étaient quelques années ans plus tôt. Ce qui explique que, dans l'une des scènes les plus étranges et difficiles du film et, probablement, de la carrière de Malle, Alain, vivant au milieu d'articles découpés, de photographies et lecteur de "The Great Gatsby" de F. Scott Fitzgerald, affirme qu'il ne puisse "toucher les choses".
Sur un thème aussi délicat, la sensibilité et l'intelligence du cinéaste font merveille. Malle inscrit la profonde solitude de son personnage, refusant sa maturité, en monochromie dans une urbanité sonore et visuelle. Cette tournée d'adieu profite également de la qualité du montage de Suzanne Baron, la collaboratrice de Tati et de Frédéric Rossif, qui travaillera à nouveau sur plusieurs de ses films suivants. Mais Le Feu follet doit évidemment beaucoup à l'interprétation de Maurice Ronet et à sa direction par le réalisateur. L'acteur qui, a priori, ne semblait pas être l'interprète idéal pour le rôle, traduit pourtant remarquablement, pendant cent des cent-huit minutes du métrage, le mal être du personnage d'Alain.
Une édition quasiment exempte de défaut sur le plan technique. La restauration a, certes, une légère influence sur la définition de certains plans mais l'image offre une qualité et un confort de visionnage très agréables. La piste monophonique est satisfaisante.
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18 internautes sur 19 ont trouvé ce commentaire utile : Une adaptation magistrale, 11 mars 2006 Commentaire de : Antoine Krieger "antoine-krieger" (France) - Voir tous mes commentaires
Ce film constitue une adaptation magistrale du livre de Drieu. Toutefois, Malle a modifié certains détails importants. Alain Leroy n'est plus un toxicomane mais un alcoolique dépressif. Par ailleurs, l'action se passe en 1963 et non plus dans les années 1920 et certains thèmes du film , comme par exemple la haine de la modernité(enlaidissement de la ville, robotisation des rapports humains), sont des obsessions de Malle et pas de Drieu. Enfin, alors que Drieu insistait sur les détails sordides, Malle a au contraire fait un film élégant (la musique d'Eric Satie y est pour beaucoup) où les portraits de femmes ne sont pas sans rappeler le Antonioni de La notte et de l'Eclipse. Un chef-d'eouvre.
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É reconfortante constatar que estas incursões estéticas não caem em saco roto. Valham-nos Homens Cultos e Livres, como são os casos dos Caros FSantos e Mário Martins!
4 Comments:
Argumento de Nimier, realização de Malle, Mauric Ronet no papel principal e música de Miles Davis. Pode-se pedir mais?
À venda em:
http://www.amazon.fr/Feu-follet-Louis-Malle/dp/B000CR7V80/sr=1-10/qid=1163239247/ref=sr_1_10/403-3126853-6385224?ie=UTF8&s=dvd
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ultramoderne solitude, 31 mai 2006
Commentaire de : SebastoPol (Cap d'Agde, France) - Voir tous mes commentaires
C'est une oeuvre singulière dans la production du réalisateur. Je l'appelle la "Perle noire" du cinéma de Louis Malle. L'obscurité apparente et la beauté plastique du film n'ont, bien sûr, pas échappé à ceux qui l'ont vu. Aussi et enfin, parce qu'entre Zazie dans le métro et Viva María ! (en excluant volontairement le très dispensable Vie privée), Le Feu follet offre un contraste saisissant.
Alain Leroy (Maurice Ronet) vient de passer la nuit dans les bras de Lydia, une amie de Dorothy, son épouse. Celle-ci est restée à New York pendant la longue cure de désintoxication alcoolique subie par son mari dans la clinique versaillaise du docteur La Barbinais. Les échanges entre les deux époux ont, au cours de ces quatre mois, été rares. Le traitement va s'achever, Alain est réputé guéri mais il n'a plus goût à la vie. Il se rend à Paris sur les traces de son passé et renoue le contact avec d'anciens amis et compagnons de fêtes. Il s'invite à déjeuner chez Dubourg, marié à Fanny et père de deux ravissantes petites filles, qui rêve d'écrire un ouvrage de référence sur l'égyptologie. Eva, amatrice de peintre appartenant à la cour un peu snob et dérisoire autour du poète Urcel et qui semble l'apprécier sincèrement. Les frères Minville qui continuent, à leur manière, la guerre d'Algérie. Il dîne enfin chez le riche et mondain Cyrille Lavaud et sa compagne, la belle Solange qu'il a brièvement connu autrefois et convoitée aujourd'hui par l'impérieux et méprisant Brancion. Mais tout cela n'a plus de "sens" pour Alain qui a déjà, de toutes façons, décidé de partir ce 23 juillet.
Louis Malle avait initialement le projet de réaliser un film partiellement autobiographique dont la trame générale était finalement assez proche du roman de Drieu la Rochelle. Le directeur de "La Nouvelle Revue française" sous l'occupation y peignait, sans le nommer, les derniers jours de son ami toxicomane, le poète dadaïste Jacques Rigaud, en 1929... avant lui-même de se suicider en mars 1945. Le Feu follet est le résultat de cette rencontre. La première force du scénario, sa supériorité par rapport à l'ouvrage, c'est qu'il "prête" constamment vie à un personnage dont on connaît, certes, à l'avance le destin mais qui pourrait, tout aussi bien, ne pas mourir. Et ces quarante-huit heures de la vie d'un homme deviennent un splendide suspense existentiel. On cherche avec minutie ce qui pourrait donner à ce désespéré idéaliste le début d'une certitude qui ne soit pas morbide, on scrute sur son visage les indices d'une volonté de "renaître", du retour d'un désir* que l'on sait perdu dès la très belle séquence d'ouverture narrée en voix-off. Que se serai-il passé si Lydia était restée à Paris, si Eva avait réussi à le retenir ou si Solange l'avait aimé ?
L'autre atout est, si l'on est attentif, de donner "corps" aux fantômes qui peuplent l'existence d'Alain. Derrière ou à côté des personnages actuels, nous entrevoyons ceux, souvent très différents, qu'ils étaient quelques années ans plus tôt. Ce qui explique que, dans l'une des scènes les plus étranges et difficiles du film et, probablement, de la carrière de Malle, Alain, vivant au milieu d'articles découpés, de photographies et lecteur de "The Great Gatsby" de F. Scott Fitzgerald, affirme qu'il ne puisse "toucher les choses".
Sur un thème aussi délicat, la sensibilité et l'intelligence du cinéaste font merveille. Malle inscrit la profonde solitude de son personnage, refusant sa maturité, en monochromie dans une urbanité sonore et visuelle. Cette tournée d'adieu profite également de la qualité du montage de Suzanne Baron, la collaboratrice de Tati et de Frédéric Rossif, qui travaillera à nouveau sur plusieurs de ses films suivants. Mais Le Feu follet doit évidemment beaucoup à l'interprétation de Maurice Ronet et à sa direction par le réalisateur. L'acteur qui, a priori, ne semblait pas être l'interprète idéal pour le rôle, traduit pourtant remarquablement, pendant cent des cent-huit minutes du métrage, le mal être du personnage d'Alain.
Une édition quasiment exempte de défaut sur le plan technique. La restauration a, certes, une légère influence sur la définition de certains plans mais l'image offre une qualité et un confort de visionnage très agréables. La piste monophonique est satisfaisante.
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18 internautes sur 19 ont trouvé ce commentaire utile :
Une adaptation magistrale, 11 mars 2006
Commentaire de : Antoine Krieger "antoine-krieger" (France) - Voir tous mes commentaires
Ce film constitue une adaptation magistrale du livre de Drieu. Toutefois, Malle a modifié certains détails importants. Alain Leroy n'est plus un toxicomane mais un alcoolique dépressif. Par ailleurs, l'action se passe en 1963 et non plus dans les années 1920 et certains thèmes du film , comme par exemple la haine de la modernité(enlaidissement de la ville, robotisation des rapports humains), sont des obsessions de Malle et pas de Drieu. Enfin, alors que Drieu insistait sur les détails sordides, Malle a au contraire fait un film élégant (la musique d'Eric Satie y est pour beaucoup) où les portraits de femmes ne sont pas sans rappeler le Antonioni de La notte et de l'Eclipse.
Un chef-d'eouvre.
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Peço desculpa.
Troquei o post.
O comentário anterior era para o post do filme sobre o livro de Dieu.
Cumprimentos.
É reconfortante constatar que estas incursões estéticas não caem em saco roto. Valham-nos Homens Cultos e Livres, como são os casos dos Caros FSantos e Mário Martins!
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